• Un ami nouvelliste me fait lire son dernier texte. Il est en ce moment victime de ce que j'appelle le syndrome de Patrick Modiano, qui consiste à écrire indéfiniment autour des mêmes obsessions - un syndrome que je connais bien moi aussi et pour lequel j'ai plus que de l'indulgence. Or, la nouvelle qu'il me propose aujourd'hui ne me plaît guère, alors que j'avais été très enthousiasmé par les précédentes. Ce qui est étonnant et m'interroge donc, c'est que cette nouvelle, qui développe un thème similaire aux autres et dont l'écriture est largement aussi bonne, n'atteint pas cette fois sa cible. J'ose une interprétation : si l'alchimie ne se fait pas entre le texte et le lecteur, alors que l'auteur s'est consciencieusement servi des mêmes ingrédients, c'est que justement, il s'est servi des mêmes ingrédients. Il a calculé sa démarche. Il ne s'est pas laissé guidé par son intuition, il a au contraire voulu diriger son texte comme on promène un chien en laisse.


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  • Les personnages s'appelleraient Lune et Orage. Dans une volonté de transparence allégorique. Un personnage effacé, au caractère doux et rêveur. Un autre aux antipodes, plein de bruit et de fureur, d'une impuissance rageuse, peut-être. Ils se retrouvent, et le lecteur passe d'un environnement à un autre en même temps que d'une époque à une autre. Je vois la mer. Important, ça, la présence de la mer. Je n'imagine pas écrire un texte sur les ombres du passé sans la présence de la mer. Je ne sais pas pourquoi, mais ça n'est pas très important


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  • Le Prince de Tijuana

     

    C'est une phrase d'un vieux bonhomme que je connais un peu qui m'est venue à l'esprit en m'éveillant : « Ici, la plupart des gens attendent de savoir quand ils auront à opter pour le Diable. » Je me suis réveillé presque douloureusement, dans une aveuglante clarté et une chaleur poisseuse. Les draps étaient trempés par ma sueur. Du coin de l'œil, j'ai aperçu la silhouette, en haut des escaliers. Une silhouette découpée en ombre dans une lumière vive et blanche. Papillonnant des paupières, je me suis assis avec difficulté tout en faisant un signe de la main :
    -         Hola, comment ça va ?
    -         Bien, a répondu le type. Tu te souviens ? Encore quatre jours ?
    Joignant le geste à la parole, il m'a montré quatre de ses doigts, avec un air interrogatif.
    -         Pas de problème, ce sera prêt. C'est déjà presque prêt, d'ailleurs...
    -         C'est bon, tu es sûr ?
    -         Pas de soucis, dis-lui qu'il ne s'inquiète pas...
    -         Alors à plus tard.
    Il s'est tiré sans dire un mot de plus et j'ai reposé doucement ma tête sur l'oreiller maculé de sueur. J'avais mal au crâne. Faim. Soif. Envie d'une cigarette. Et envie de pisser, avant tout. 
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Ensuite, quelques heures plus tard, dans un taxi qui me conduisait chez moi, je me suis demandé comment le type avait su que j'étais chez Violeta et comment il savait où elle vivait. J'étais au courant que rien ne leur échappait, mais bon, c'est une formule. Là, j'en constatais la pertinence. Alors oui, vraiment, rien ne leur échappait ? C'était bon à savoir. J'avais pris une douche assez longue mais c'était comme si j'avais pissé dans ma guitare. Il fallait que je change de fringues – juste assez de temps pour rentrer chez moi, passer une chemise propre et partir pour le studio. Les autres m'attendraient en grillant des clopes et en me maudissant. Le fait est que je n'ai pas avalé une pendule. D'ailleurs, ce matin, je n'avais encore rien avalé. J'ai demandé au taxi qu'il m'arrête devant la cantine de Pepe. Un café et une crêpe ne seraient pas de refus. J'ai tendu un billet au type et je suis entré mon établissement préféré de Tijuana.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p> Les ventilateurs que Pepe avaient installés un peu partout brassaient l'air sans conviction pour la salle vide.
    -         Ton travail  avance ? m'a-t-il demandé en guise de salut.
    Décidément, on ne parlait donc que de ça en ville ?
    -         Comme ça, j'ai dit en faisant un vague signe de la main qui pouvait signifier à peu près n'importe quoi.
    -         Violeta est passée, tout à l'heure. Tu as dormi chez elle ? Elle m'a dit que tu t'étais conduit comme un salaud. Le genre « je me retourne vers le mur après mon petit coup et je m'endors comme une souche».
    J'ai souri et je suis passé à autre chose :
    -         Ce matin, j'enregistre avec les autres. J'en ai envie comme de me pendre.
    -         Plains-toi ! les billets tombent du ciel et tu portes des beaux costumes, des beaux chapeaux...
    -         Donne-moi donc un café et quelque chose à manger. J'ai faim. 
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Un message m'attendait chez moi, sur le répondeur. Le même, en substance, que celui du type, ce matin, dans les brumes du réveil. Je ne risquais pas de l'oublier. Je ne voyais d'ailleurs pas très bien l'intérêt d'un délai aussi précis, mais bon. Je n'étais pas payé pour en connaître la raison. Et j'ai pour habitude de laisser chacun à ses lubies : c'est le meilleur moyen de s'assurer une existence à peu près tranquille. J'ai changé de chemise et passé un coup de fil à Pedro pour lui dire que j'arrivais. Il m'a dit qu'il allait m'assassiner. C'était moins pire que ce que je craignais. J'ai empoigné mon étui à guitare et je suis sorti en claquant la porte. Le taxi n'avait pas bougé et son chauffeur grillait une cigarette en m'attendant. 
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>J'ai vécu très longtemps avec ma mère. Jusqu'à sa mort, en fait. A la fin, il fallait l'aider pour tout : marcher, manger, s'habiller, se laver, se rendre au petit coin... Ma sœur s'en chargeait pour l'essentiel mais quand elle est morte dans une fusillade, il a bien fallu que je prenne le relais. Quand les disques ont commencé à bien se vendre, j'ai engagé une femme pour qu'elle s'occupe de maman. Mais bon, j'étais là le plus souvent possible, parce que c'était ma mère et qu'elle avait pour ainsi dire sacrifié sa vie pour nous. Quand elle a disparu, j'ai vendu sa maison minuscule et je me suis installé ici, comme pour dire à tous « voilà une nouvelle vie qui commence ». A l'enterrement de maman, il y avait déjà Hector et je lui suis reconnaissant pour ça. Il n'était pas obligé de venir et sa présence a honoré la mémoire de ma mère. C'est important pour elle, qui n'a jamais été respectée par quiconque en dehors de ses enfants, d'avoir été reconnue comme un être humain par un personnage comme Hector. Un homme qui connaît la valeur des choses.
    <o:p> </o:p>Hector, je l'ai rencontré grâce aux meurtres de Ciudad Juarez. Il n'y a jamais à chercher très loin lorsqu'on veut illustrer par un ou deux exemples la parfaite amoralité de l'existence. Je connais un type qui s'appelle Ramon Perez et qui n'a pas collectionné dans sa vie que des bons points à l'école et des titres de gloire. Pas vraiment le genre à faire traverser les vieilles dans les passages cloutés. A l'époque dont je parle, il essayait quand même de se faire un peu oublier. Ce qui ne veut pas dire qu'il était devenu plus honnête. Simplement plus prudent. Pour son malheur, ce Ramon connaissait assez bien l'une des centaines de filles qui sont passées de vie à trépas dans des conditions sur lesquelles personne n'aime s'étendre à Ciudad Juarez. Si un type seul est à l'origine de ce massacre, on pourra dire que Ted Bundy ou la famille de Charles manson faisaient figures d'aimables amateurs. Quoi qu'il en soit, ce type ne pouvait pas être Ramon Perez, qui n'a franchement pas l'estomac pour faire ce genre de choses. Mais il est un fait que ce type d'intuition toute personnelle ne suffit généralement pas à convaincre la police et Perez ne doit son salut qu'à mon témoignage : le soir où Lilia est morte, il était occupé à mettre la tête d'un type dans la cuvette des toilettes d'un bar dans lequel je jouais avec le groupe. A la suite de cela, Ramon m'a fait des promesses d'amitié éternelle dont je sais exactement quoi penser, mais il m'a aussi fait rencontrer Enrique Guzman. Qui travaille pour Hector. Et qui depuis ce temps apprécie ma musique. Je me suis même retrouvé un soir dans sa villa mythique d'Acapulco, costume brodé et sombrero, à roucouler des airs traditionnels avec le groupe. C'était une fête donnée pour le soixante-troisième anniversaire d'Hector. Il avait payé le déplacement à tout le monde, sans se demander une seule seconde s'il n'était pas plus simple d'engager un groupe sur place. Il nous avait payé une somme rondelette – l'équivalent de trois ou quatre prestations de ce genre – mais ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus : il était bon pour moi d'avoir dans la manche un atout nommé Hector Saldierna... J'ai eu depuis ce jour de nombreuses occasions de constater sa grandeur d'âme et sa générosité et croyez-moi sur parole, le Mexique se porterait mieux s'il comptait davantage d'hommes de sa trempe. Des hommes de pouvoir et de parole. Et qui, autant que possible, apprécieraient ma musique... 
    <o:p> </o:p>L'entrée du studio ressemble autant à une entrée de studio que Violeta à une sainte de calendrier. La voiture piquetée de rouille de Pedro est garée juste devant, le pick-up de Gustavo est à l'ombre, de l'autre côté de la route. Le lieu ressemble à une vieille baraque désaffectée. L'ensemble ne paie pas de mine, mais il y a à l'arrière une petite cour plantée de trois arbres qui offre une ombre providentielle lorsque nous faisons des pauses. Pedro y a installé une fontaine à bière. Je fais stopper le taxi devant la porte d'entrée. Je sais que si la façade avait une fenêtre, tout le monde m'observerait d'un air réprobateur, le sourcil froncé et un doigt sur la montre. 
    <o:p> </o:p>Le problème du Mexique, c'est que pour bien des gens, il n'y a pas grand-chose à y faire. Et pas grand-chose, ça ne remplit pas les estomacs. Alors il y a ceux qui tentent leur chance de l'autre côté de la frontière, aux Etats-Unis, et qui souvent finissent par ne pas y faire beaucoup plus de choses qu'ici. Il y a ceux qui attendent assis par terre qu'un type plus chanceux qu'eux leur offre une journée de travail. Et il y a ceux qui se mettent à faire des conneries. Pour ma part, j'ai de l'or entre les doigts, et c'est ce qui me préserve de tout cela : je joue de la guitare depuis l'âge de huit ou neuf ans. C'est un de mes oncles qui m'en a enseigné les bases et le reste, je l'ai appris tout seul, en jouant dans mon coin, chaque jour, jusqu'à ce que ma main tombe. J'en devenais presque autiste et ma mère s'inquiétait. Lorsque j'ai commencé à jouer pour les touristes en chemises à fleurs et que je ramenais chaque jour une grosse poignée de dollars à la maison, elle a aussitôt cessé de s'inquiéter. Je n'avais que dix-sept ans lorsque j'ai formé mon premier groupe et c'est à ce moment-là que j'ai eu comme une révélation : il n'était pas question que je tire le diable par la queue. Je me suis alors découvert des ressources insoupçonnées et une aptitude innée à dénicher de bons plans. Pendant trois ans, nous avons joué presque tous les jours sur un bateau de croisière rempli de vieilles veuves riches et desséchées qui nous abreuvaient de pourboires. J'avais même réussi à entrer dans les petits papiers d'un coordonnateur de mariages pour les tourtereaux de la jet-set et on roucoulait des balades presque tous les samedis soirs entre la poire et le fromage. Le premier disque, nous l'avons financé nous-mêmes, grâce à la générosité d'Hector, qui n'attendait en retour que sa petite chanson. C'était le moins que nous puissions faire et c'est donc à cette époque que j'ai écrit mon premier titre entièrement à sa gloire. Hector était si content qu'il nous avait acheté à lui seul un millier d'exemplaires du 45 tours pour le distribuer autour de lui, comme s'il ne l'avait pas déjà entièrement produit lui-même. Mais bon, rien d'extraordinaire là-dedans. Pour Hector, une dépense de ce genre, c'est l'équivalent du budget des trombones et des post-it dans les finances du Vatican. Quant à moi, j'avais trouvé un moyen inespéré d'asseoir la prospérité du groupe et sa réputation. Et chaque jour depuis ce jour, je remercie le ciel de nous avoir fait ce cadeau. Je suis bien conscient que beaucoup de musiciens ici bas nous envient : ils sont très peu nombreux ceux qui, comme moi, ont la chance de pouvoir écrire et composer pour un baron de la drogue.
    <o:p> </o:p>Un jour, je ne sais pas trop ce qui lui avait pris, Violeta m'a demandé si je l'aimais. Nous venions de faire l'amour, en plein après-midi, dans l'ombre de son appartement et nous étions trempés de sueur, la clope au bec. Le vrai cliché de cinéma. C'est là qu'elle m'a parlé d'amour. Une lubie subite, sans doute. Je lui ai demandé si elle ne voulait pas en plus que je lui sorte ma guitare et la conversation s'est arrêtée là. Pour beaucoup de gens, il s'agirait sans doute d'un constat effrayant, mais je ne suis pas sûr d'aimer qui que ce soit sur cette terre. A part ma pauvre mère, paix à son âme, mais ce n'était pas vraiment une personne. C'était une mère. Pour le reste... On me parle d'amour, je réponds complicité. On me parle d'amitié, je réponds connivence. Je connais beaucoup de monde, je partage des joies et des fêtes et il m'arrive de tirer l'un ou l'autre du pétrin mais, à bien y réfléchir, je ne vois personne dont la disparition subite m'enlèverait quelque chose. J'avais confié ça à Pepe un soir où nous avions pas mal picolé et il m'avait fourni une explication toute personnelle :
    -         C'est parce que tu es déjà mort...
    Je ne sais pas pourquoi mais, plutôt que de m'accabler, ce jugement de valeur m'avait presque rempli de fierté. Et puis j'ai cessé de m'interroger là-dessus parce que je suis somme toute d'une psychologie assez sommaire et plutôt saine. Bien sûr, ce que je dis sur la disparition des autres ne s'applique pas à Hector. Lui m'est précieux. Je me souviens de la première soirée passée à Acapulco. Il y avait des lumières partout, des jeux d'eau dans les fontaines, les pelouses et les haies bien taillées, le chuchotement apaisant de l'océan tout proche et la façade blanche de sa villa, il y avait la musique et les gens, les belles voitures et les parfums, ces femmes toutes proches, disponibles, la bouffe et les cigares... Lorsque j'étais rentré chez moi, ma maison, dont j'étais pourtant si fier, avait comme misérablement rétréci. J'avais alors compris où était mon but et j'étais désormais déterminé à l'atteindre, tendu comme un arc vers sa cible. Regarder le monde de haut, inspirer le respect, profiter de la vie. Tout un univers de possibles s'était ouvert à moi, ce soir-là. C'est Gustavo qui m'a tiré d'un coup de ma rêverie :
    -         On devrait ajouter un solo au milieu, qu'est-ce que tu en penses.
    Je n'avais pas trop d'avis là-dessus et je le lui ai fait savoir :
    -         Je n'en pense rien, je m'en fous. On fait comme vous voulez.
    Pedro revenait des toilettes au même instant, achevant de reboutonner sa braguette :
    -         C'est bien que tu te sentes concerné, comme ça...
    -         Je suis surtout concerné par une autre chanson, si tu veux vraiment le savoir. Celle qui va nous faire bouffer pour les six mois qui viennent, je pense que tu vois ce que je veux dire... Là, il en faudra un, de solo. Et un bon. 
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Quatre jours, c'est beaucoup et c'est peu à la fois. 
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>-         Tu comprends, je l'espère, qu'il n'y a rien de personnel là-dedans...
    Hector m'avait reçu dans la cour intérieure de sa maison de Tijuana. La chaleur était étouffante et la fontaine munie de vasques qui gazouillait au centre de la cour était une véritable bénédiction. La dévouée Martha avait déposé devant nous deux grands verres d'orangeade. Le soir tombait, mais n'apportait aucune fraîcheur. Ce n'était pas la seule raison qui me faisait transpirer.
    -         Je suis désolé d'avoir à te le dire, mais tu vois, c'est tout de même une question de principe. Je peux comprendre que tu ne mesures pas la portée de certaines choses... Mais il faut de mon côté que je te les fasse comprendre, tu saisis ?
    C'était limpide.
    -         C'est limpide, Hector. Maintenant, je vois ce que tu veux dire. Je suis heureux que tu m'aies éclairé. Je te remercie. Sincèrement.
    Hector a descendu la moitié de son orangeade d'une seule traite.
    -         Il n'y a pas de quoi. Tu sais que je t'aime bien, je n'ai pas besoin de te le dire, d'ailleurs. Mais il y a des choses sur lesquelles je ne souhaite pas transiger. Dans ma position, c'est légitime, non ?
    Quand je suis entré chez elle, Violeta baignait dans son propre sang. Je ne savais pas qu'on pouvait se vider autant avec juste un pouce en moins. J'avais stoppé l'hémorragie comme je le pouvais, à l'aide d'un torchon de cuisine et j'avais emmené Violeta à l'hôpital. C'était bien le moins que je puisse faire. Elle n'a pas souhaité que je lui rende visite et je ne crois pas que je la reverrai un jour. Pas très étonnant, en vérité.
    -         C'est légitime, Hector. Tu ne dois pas laisser passer ce genre de choses. Sinon, c'est l'escalade...
    -         Exactement. Je suis content de te l'entendre dire. Cela me porte à penser que je n'ai pas fait d'erreur en te faisant confiance. Après tout, nul n'est à l'abri d'une petite faiblesse.
    -         Le Prince de Tijuana, c'était stupide, irréfléchi. J'en ai conscience, à présent.
    -         Le Roi de Tijuana, ça c'est bien. C'est juste. Sans ambiguïté. C'est beaucoup mieux, vraiment. Tu me diras que ça n'est qu'un titre, mais... franchement, Le Prince..., je ne sais pas comment tu as pu penser à un truc comme ça.
    -         Oui, tu as raison, c'était mauvais. Le Roi de Tijuana...J'aurais dû y penser moi-même.
    Il a souri avec bonté et m'a fait un geste de la main pour signifier la fin de la conversation. Je me suis dirigé vers la sortie, après l'avoir salué. Dans mon dos, la fontaine gazouillait toujours. J'ai entendu Hector me crier :
    -         Le reste, n'y touche pas ! Elle est très bien, cette chanson. Modifie juste ce texte de merde. Le Roi, nom de dieu, le Roi !
    J'avais eu chaud. Je m'en tirais à bon compte, finalement. Il fallait vraiment qu'il m'ait à la bonne...
    En tout cas, le solo lui avait plu.
    <o:p> </o:p>

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  • Situer le récit dans l'indéterminé. Plonger le lecteur dans un cadre qu'il ne connaît pas et faire comme si. Créer un univers qui irait de soi, sans qu'il soit besoin de donner des repères. Produire, pourquoi pas, une manière d'anticipation. L'enjeu, qui peut être enthousiasmant, serait alors de provoquer chez le lecteur un écho à partir d'un environnement qu'il ne connaît pas, puisque n'utilisant aucun des codes communs. Faire naître empathie et nostalgie, sans faire référence à aucun élément partagé par le lecteur. Un peu ambitieux, peut-être, compte-tenu de mes maigres dispositions. Mais après tout, nous sommes dans un carnet de travail...


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  • En réalité, Enrique Mendez n'est pas le personnage d'une nouvelle unique, mais l'élément central d'un projet plus vaste qu'on ne saurait mieux définir que comme un roman par nouvelles. Il s'agit donc d'une série de textes, lisibles de façon indépendante, qui forment un tout lorsqu'on les réunit. Quatre de ces textes ont déjà vu le jour. Ce projet s'intitule pour l'heure Les démons d'Enrique, mais rien n'est gravé dans le marbre. Titre de travail, dirons-nous. Le postulat de départ : la famille Mendez est constituée de plusieurs membres et il est intéressant de raconter l'histoire à travers leurs regards croisés. Le problème qui se pose pour l'heure (je dis pour l'heure, car il s'en posera d'autres) est le suivant : comment éviter une juxtaposition de textes noirs et désespérés qui, par un effet d'accumulation, pourrait aboutir à un résultat souffrant de redondances et donc, en l'occurrence, de misérabilisme ?



    Pas de réponse, pour l'instant.


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